Glissement terrain
Les glissements de terrain sont des phénomènes naturels. Ils sont provoqués le plus souvent par la
présence et/ou
les écoulements des eaux dans le sol. En effet,
le glissement en question
concerne une route dans une zone montagneuse suite à un événement pluviométrique. Il a emporté le coté aval de la route
sur un linéaire de 80 m. (photos 1et 2).
Contexte géotechnique
La géologie de la région
est constituée
globalement par des formations gréseuses dans lesquelles sont interstratifiées des marnes et des marnes
schisteuses.
Les grés en place
ont
subi
des
phénomènes d’érosion.
Les investigations géotechniques ont révélés les formations géologiques suivantes
depuis la surface :
− une couche d’éboulis gréseux
de 5 m d’épaisseur
;
− des marnes schisteuses tendre
de 0,5 m d’épaisseur ;
− des bancs gréseux
de 1,10 m d’épaisseur ;
− au-delà des alternances de marnes schisteuses et de grés compact.
Des investigations
géotechniques complémentaires par des puits de reconnaissance, suite à une visite sur site, ont montré que le substratum stable est situé à 3 m de profondeur par rapport au niveau actuel des terrassements, comme illustré sur la
photo 3.
Le glissement est survenu suite à des infiltrations d’eau du coté amont et l’absence totale de
drainage. Les couches supérieures ont glissés sur la couche de marne d’épaisseur limitée et la
couche de bacs gréseux altérés
(figure 1).
Solutions proposées et contraintes techniques
Plusieurs propositions techniques de traitement du glissement et de la reconstruction de la chaussée
ont été présentées au maître d’ouvrage.
Une des solutions
consistait à purger toute la zone glissée et de reconstruire le talus aval avec une pente de
3H/2V, en mettant en œuvre un remblai avec un sol grossier (TVO) propre, compacté par couches
successives de 0,3 m.
Le drainage des eaux coté amont est assuré
à l’aide
d’un masque drainant granulaire.
Cette solution a été mise en œuvre et lors de l’exécution, des fissures longitudinales sont apparues sur la plate-forme et en pied de talus du nouveau remblai avant d’atteindre la cote finale (photos 4 et 5), ce qui amené
le maître d’œuvre
et le maître d’ouvrage
à arrêter les travaux
et d’envisager d’autres
solutions.
Suite
à l’arrêt des travaux
d’urgence entrepris par le maître
d’ouvrage, les solutions de confortement proposées étaient :
− mur de soutènement en gabions ;
− mur en béton armé fondé sur pieux ancrés à
des profondeurs au-delà
de 4 m dans le substratum ;
− mur de soutènement renforcé par des géotextiles couplés à un drainage par géocomposite équipé de mini-drains.
En raison des délais imposés par le maître d’ouvrage
et les contraintes du chantier, le choix s’est porté sur la
solution géosynthétiques.
Solution retenue pour le glissement
La solution retenue est celle d’un massif renforcé par géotextiles avec un parement à face enveloppée
végétalisable. La méthode
de
calcul
utilisée
pour
le
dimensionnement
de
l’ouvrage est le logiciel CARTAGE développé par
le
LCPC
et
LIRIGM
(Delmas
et
al.,
1986). Elle est conforme
aux
"Recommandations pour l'emploi des géotextiles dans le renforcement des ouvrages en terre" du Comité Français
des Géosynthétiques.
Cette méthode permet de déterminer les efforts
mobilisés dans les renforcements en tenant compte du caractère
extensible
des géotextiles de renforcement, des caractéristiques
mécaniques du matériau de remblai et de la géométrie de l’ouvrage. On détermine ainsi le nombre, la résistance, la longueur et les
espacements des nappes géotextiles. Le profil de l’ouvrage et la densité de renforcement sont illustrés
sur la figure 2.
Le drainage des eaux en amont du massif
est assuré par un géocomposite
de drainage de type SOMTUBE FTF (Gendrin
et al. 2006) dont la structure est illustrée sur la figure 3. Les eaux sont collectées par le
géocomposite puis évacuées
vers une tranchée
drainante en pied du talus (photo 6).
Déroulement des travaux traitement glissement
Les travaux se sont déroulés en plusieurs phases. Après une purge
totale des terres
glissées et le terrassement pou atteindre le substratum,
il est procédé à la réalisation de la tranchée drainante (photo 6). Le géocomposite de
drainage est déroulé directement sur
le massif amont et est relié en pied à la tranchée drainante (photo 7)
Le remblai est construit
par couches de 0,4 m d’épaisseur
compactée à l’optimum proctor. La confection du parement à « boudins » est réalisée
en utilisant un coffrage simple amovible .
Le compactage est contrôlé quotidiennement à chaque couche. Une attention est également apportée à la mise
en œuvre des nappes de renforcement pour s’assurer de leur mise en tension soignée.
La végétalisation future du parement est assurée par la mise en œuvre de terre végétale confinée
dans un géolfilet de type géotalus. Le détail de construction est illustré
sur la figure 4.
L’organisation mise en place a permis de respecter les délais imposés par le maître d’ouvrage tout en maintenant la circulation du trafic sur la route.
Les photos 10 et 11 montrent
l’ouvrage achevé. Ce mur une fois construit a permis non seulement la reconstruction de la chaussée, mais également
son élargissement.
Les géosynthétiques de renforcement et de drainage ont été utilisés avec succès pour traiter le glissement
et reconstruire la chaussée en respectant
les
délais et les contraintes induites par le chantier.
Comparativement aux techniques traditionnelles en matériau granulaire, ils apportent une garantie
plus grande de régularité de performances, une rapidité d’exécution et un gain de terrassement.